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Enterocystoplastie d’agrandissement

L'objectif de cette intervention est de remplacer une partie de la vessie par une poche en intestin afin de traiter la diminution de la capacité vésicale (augmentation du volume contenu) ou des dysfonctionnements de la contraction vésicale (par ablation d'une partie du muscle vésical).

L'organe
Figure 1. Appareil urinaire

Fig1 appareil urinaire

Après une lésion de la moelle épinière ou d'autres anomalies du système nerveux central, on peut parfois noter une modification du fonctionnement du muscle vésical qui se contracte de manière anarchique en dehors des mictions, et/ou de la capacité de remplissage du réservoir vésical.
Ces anomalies peuvent également toucher des patients n'ayant pas de maladies ou de malformations neurologiques. Ce dysfonctionnement est à l'origine de signes urinaires : pollakiurie (augmentation de la fréquence des mictions ou des sondages supérieure à 8/jour), urgenturies (besoin brutal, irrésistible, et urgent d'uriner sans possibilité de l'inhiber), incontinence urinaire (perte involontaire d'urines par l'urètre).
Par ailleurs, sans traitement, il est possible d'avoir des complications rénales (infection, calculs, insuffisance rénale).

Principe de l'intervention
L'intervention consiste à remplacer une partie de la vessie par un réservoir en intestin grêle. Ce système permet d'augmenter la capacité du réservoir vésical et d'annuler des contractions anarchiques du muscle vésical, source de symptômes tels que les urgenturies, la pollakiurie et l'incontinence urinaire.
Cette intervention est définitive et irréversible.

Y a-t-il d'autres possibilités ?
Cette intervention ne peut être proposée qu'en cas d'échec des autres traitements des contractions anarchiques de la vessie ou lorsque le réservoir vésical a perdu toute sa souplesse. Les autres options de traitement sont :
• D'abord les traitements médicaux à base de médicaments anticholinergiques, diminuant l'activité du muscle vésical.
• La rééducation périnéale, la stimulation du nerf tibial postérieur peuvent être proposées en complément.
• La neuromodulation des racines nerveuses sacrées ou l'injection intra-vésicale de toxine botulique sont des traitements de deuxième intention.

Technique opératoire
L'intervention se déroule sous anesthésie générale. Un antibiotique peut être administré avant l'intervention.
La voie d'abord est abdominale (en général autour et au-dessous de l'ombilic). Après avoir enlevé une partie de la vessie, l'intervention consiste à la remplacer par une poche d'intestin. Cette poche est créée à l'aide du prélèvement d'un segment d'intestin grêle d'environ 45 à 50 cm, suturée sur la portion de vessie restante.
En fin d'intervention, vous êtes porteur d'une sonde urétrale drainant l'entérocystoplastie d'agrandissement et permettant de recueillir les urines et les secrétions de la poche d'intestin. Un ou plusieurs drains sont mis en en place pour drainer les écoulements au niveau du site opératoire.

Figure 2. Différents temps de l'agrandissement de la vessie par de l'intestin

Fig2 Différents temps de l agrandissement de la vessie par de l intestin

Suites habituelles
La douleur liée à l'intervention relève de médicaments antalgiques qui vous sont administrés régulièrement.
Le moment de l'ablation du ou des drains ainsi que de la sonde urinaire est défini par votre chirurgien.
La reprise du transit est parfois difficile. Des bas de contention veineuse et le lever précoce sont conseillés.
Les conseils et les soins concernant le fonctionnement de votre réservoir vésical vous sont expliqués pendant votre hospitalisation. Il est souvent nécessaire de vider l'entérocystoplastie par des auto-sondages, dont vous effectuerez l'apprentissage avec d'une infirmière.
Une surveillance est ensuite réalisée après votre opération, elle a pour but de vérifier le bon fonctionnement de votre système urinaire. Il est normal de constater la présence de mucus dans l'urine.
L'ordonnance de sortie comprend les soins infirmiers de pansement, les sondes d'auto-sondages si besoin, les ordonnances d'antalgiques et de traitement anticoagulant si besoin.
Une date de rendez vous postopératoire avec votre chirurgien vous est communiquée ainsi que les ordonnances d'éventuels examens complémentaires à réaliser. Un courrier est transmis à vos médecins traitants et autres correspondants que vous avez indiqués.
Un séjour en convalescence ou dans un service de médecine physique et de réadaptation adapté à votre handicap peut être conseillé à la sortie du service d'urologie. Une convalescence de quelques semaines est nécessaire. Vous discuterez avec votre chirurgien de la date de reprise de vos activités et de votre travail si besoin et du suivi après l'opération.

Suivi postopératoire
Un bilan urodynamique à 3 mois et un an peut être proposé pour vérifier la capacité vésicale et l'absence de contractions de l'entérocystoplastie. Un suivi médical annuel est indispensable, avec au minimum une échographie rénale et une prise de sang associée à un recueil d'urine pour mesure de la clairance de la créatinine (fonctionnement du rein).
La constatation de saignements, d'épisodes d'infection urinaire avec des symptômes (fièvre, douleur), la réapparition de fuites d'urine doivent vous faire consulter.
Avec un agrandissement vésical, il est normal que des bactéries soient retrouvées sur les analyses d'urine (car elles viennent du segment intestinal utilisé). En l'absence de symptômes ou de circonstances particulières, cette colonisation par des bactéries ne nécessite pas de traitement antibiotique ou de surveillance particulière.
Une surveillance endoscopique peut être également nécessaire.

Risques et complications
Dans la majorité des cas, l'intervention qui vous est proposée se déroule sans complication. Cependant, tout acte chirurgical comporte un certain nombre de risques et complications décrits ci-dessous :
• Certaines complications sont liées à votre état général et à l'anesthésie ; elles vous seront expliquées lors de la consultation préopératoire avec le médecin anesthésiste ou le chirurgien et sont possibles dans toute intervention chirurgicale.
• Les complications directement en relation avec l'intervention sont rares, mais possibles :
- Complications pendant le geste opératoire :
Saignement pouvant nécessiter une transfusion de sang
Blessure d'un organe de voisinage justifiant sa réparation ou son ablation

- Complications postopératoires immédiates :
Saignement pouvant obliger à une nouvelle opération
Phlébite et embolie pulmonaire
Infection urinaire
Infection de la paroi et de la cicatrice
Infection générale avec septicémie
Complications urinaires (fistule)
Complications digestives :

  • Retard à la reprise du transit intestinal ou véritable occlusion.
  • Fistule digestive (par lâchage de sutures intestinales) nécessitant habituellement une ré intervention Ouverture de la paroi abdominale.
  • Ulcère de l'estomac.

• Complications neurologiques :
- Survenue d'une poussée pour les patients ayant une sclérose en plaques.
- Perte de force musculaire, fonte musculaire du fait de l'alitement.

• Complications à distance de l'intervention :
Complications pariétales : éventration de la paroi de l'abdomen
Complications digestives :
- Occlusion intestinale par des adhérences intra-abdominales (brides).
- Troubles du transit (constipation / diarrhée).
Complications urinaires :
- Rupture du réservoir si des sondages réguliers ne sont pas faits.
- Calculs vésicaux.